CHAPITRE XXIV

L’atmosphère dans le sas était presque la même que dans le Faucon quand un boum ! aussi retentissant que s’ils avaient percuté un astéroïde résonna à travers la coque. Le sol disparut sous ses pieds et Han se cogna au plafond – ou plutôt le contraire. L’instant suivant, il se retrouva étalé sur le pont sans aucun souvenir d’être passé du haut vers le bas. Sa tête était douloureuse, son épaule l’élançait et ses oreilles tintaient – non, elles sonnaient comme des trompettes.

Han roula sur le côté et resta là, essayant de réfléchir à ce qui s’était passé. Mais pour être honnête, c’étaient les deux derniers mois qu’il devait prendre en compte. Comment Leia et lui avaient-ils pu se laisser entraîner dans une autre guerre, laquelle était infiniment pire que les autres, parce qu’elle les déchirait de l’intérieur ?

Puis un bout de flimsiplast se détacha et rebondit non loin de son nez, et soudain cela n’eut plus d’importance. Le bruit qu’il entendait n’était pas dans ses oreilles – c’était celui des haut-parleurs de l’intercom, et il allait crescendo.

Dans la cabine, la pression tombait.

Han se releva tant bien que mal et coupa l’alarme à partir d’un panneau à côté du sas.

Aussitôt, il put entendre la voix de Leia, par-dessus un chœur de tintements et de bips en tout genre qui suggéraient que les systèmes du Faucon s’enfonçaient plus vite qu’une comète dans un trou noir.

— Han ? Ça va ?

— Oui, jusqu’ici. (Réalisant qu’il aurait besoin de ses deux mains pour faire les réparations, Han voulut sortir son bras de l’attelle et faillit tomber dans les pommes – il lui fallait de l’aide.) Mais je n’ai pas le temps d’en parler. Nous avons une fuite.

— Une fuite ? demanda C-3PO, lui aussi dans le cockpit, capitaine Solo, vous n’avez qu’un bras valide. Vous ne réussirez jamais...

— Je m’en sortirai. (Han regarda par le hublot du sas et fut heureux de voir que Jaina et ses compagnons étaient toujours debout.) Et j’ai de la main-d’œuvre juste sous les yeux.

— Fais attention à toi, répondit Leia, qui exécutait des manœuvres d’esquive. Un imbécile à bord d’un Destroyer Stellaire nous prend pour cible.

— C’est tout ? plaisanta-t-il. (Il vit que la pression à l’intérieur du sas était presque dans la marge de sécurité et appuya sur le bouton d’ouverture.) J’ai cru que tu étais rentrée dans un astéroïde !

Un signal lumineux clignota, et l’instant suivant l’écoutille s’ouvrit avec un chuintement. Jaina et les autres – Zekk, Ben et un Twi’lek – émergèrent et s’empressèrent d’ouvrir leurs casques. Le cœur de Han bondit quand il vit sa fille – puis sombra, car elle était maintenant en danger, comme Leia et lui.

Jaina leva sa visière et dégagea ses bras pour l’étreindre.

— J’ignore ce que vous faites ici, mais c’est...

— Je t’aime aussi, ma puce, coupa Han, levant une main pour l’arrêter. Mais les câlins devront attendre. Nous avons une dépressurisation.

Le regard de Jaina tomba sur son bras en attelle et son expression passa du soulagement à la compréhension.

— C’est sérieux ?

— Je ne sais pas. (Il se tourna vers le panneau et demanda un rapport.) Mais ça ne peut pas l’être trop. Nous sommes toujours...

Han fut interrompu par l’apparition d’une main entre lui et les commandes. Il lui fallut une seconde pour comprendre, puis il s’avisa qu’il s’agissait de quelqu’un tenant des menottes de Jedi.

— Qu’est-ce que... ?

Il remonta le long du bras et découvrit le visage de son neveu.

— Navré, oncle Han, dit Ben. Mais tu es en état d’arrestation.

— Quoi ? (Han fronça les sourcils, se demandant s’il devait éclater de rire ou exploser de colère.) Petit, tu choisis mal ton moment !

— C’est parce qu’il a de mauvaises fréquentations, dit Jaina, se tournant vers son cousin, le regard incendiaire. Range ça avant que je...

— Ne t’inquiète pas, Jaina. (Zekk baissa gentiment la main du garçon.) Je m’en occupe.

À la surprise de Han, elle hocha la tête et se tourna de nouveau vers le panneau de contrôle, laissant son coéquipier s’occuper de Ben. Quelque chose avait changé entre ces deux-là – elle semblait respecter Zekk.

— Mais il y a un mandat d’amener contre eux ! protesta le garçon. Nous devons les arrêter !

— Tu es un apprenti Jedi, Ben, répondit Zekk. Ça signifie que tu dois utiliser ton jugement en toute circonstance.

— C’est ce que je fais.

— J’espère que tu ne le crois pas vraiment. (Zekk retira sa main.) Range ça. Nous en reparlerons plus tard.

Incapable de trouver un argument, Ben obéit.

— Il n’y a rien de personnel là-dedans, oncle Han, assura-t-il. Mais je t’embarque.

— Si tu le dis, petit. Mais occupons-nous de ça d’abord.

Han tourna le dos à Ben.

— Je ne sais pas, papa, dit Jaina. Cette fuite pourrait bien être trop importante.

— Tu plaisantes, hein ? Dans le Secteur de la Corporation, Chewbacca et moi réparions des trucs comme ça toutes les semaines !

— Ça n’était sûrement pas si terrible.

Jaina montra le plan qu’elle avait affiché sur l’écran, et le cœur de Han se serra. La tourelle à canon supérieure était partie – ainsi qu’une bonne partie du blindage de la coque aux alentours – et celle du niveau inférieur était ouverte comme une fleur, suggérant qu’elle avait explosé de l’intérieur. Le tunnel d’accès qui les reliait était marqué en rouge, montrant qu’il était entièrement dépressurisé, et les compartiments autour se teintaient de rose.

Jaina dut sentir le choc qu’il éprouvait, car elle demanda :

— Cakhmain et Meewalh étaient dans les tourelles ?

— Oui – ils tiraient avec les canons laser. (Les tripes de Han se nouèrent de chagrin – étant donné les dommages visibles, la seule chose qu’il restait des Noghri, c’était la place qu’ils tenaient dans leurs cœurs.) Je dois à quiconque commande ce Destroyer un sandwich à la détonite !

— Un Destroyer Stellaire a fait feu sur vous ? demanda Ben. (Son sabre laser pendait d’une boucle de son scaphandre, mais Zekk veillait.) Qu’avez-vous fait pour mériter ça ?

— On vous a sauvés, répondit Han avec amertume. Nous pourrions toujours t’éjecter, si tu penses que c’était une mauvaise idée.

— Nous nous occuperons de Ben plus tard, dit Jaina, prenant le bras de son père pour l’entraîner vers le cockpit. Il faut que maman et toi vous prépariez à évacuer.

— Quoi ? Pas question ! répondit Han. Le temps de le faire, et nous n’aurions déjà plus de pression.

— Papa, vous avez pris un tir de turbolaser en plein centre d’accès ! Nous ne pourrons peut-être pas réparer.

— Bien sûr que si. C’est un YT-Treize Cent, alors ce n’est pas le cœur de l’appareil.

Il se dirigea vers l’arrière en se cognant aux murs à cause des manœuvres de Leia. Une vibration de plus en plus prononcée indiquait que le cerclage d’un moteur était cassé, quant aux grincements sinistres, ils suggéraient que la coque endommagée de Faucon souffrait d’être ainsi malmenée. Han se demanda combien il leur restait de temps avant la fin.

Il tourna au coude suivant et trouva l’écoutille scellée. L’air s’échappait par un petit orifice dans le mur. Les bords de celui-ci étaient lisses et boursouflés, comme si le duracier avait été fondu plutôt que troué.

— C’est mauvais, observa Ben, deux mètres derrière lui. C’est une brèche d’éclaboussure.

— Aucun problème.

Ce genre de brèche survenait quand une masse métallique explosait dans une gerbe de métal fondu, d’ordinaire après avoir été touchée par un tir de turbolaser. Elles étaient difficiles à réparer parce qu’elles causaient beaucoup de dégâts, à maints endroits.

— Rien d’important n’a été touché ou nous serions déjà morts.

Han activa le panneau de contrôle, puis vérifia la pression de l’autre côté de la paroi et entra un code pour désactiver la fermeture de sécurité. Ses oreilles se débouchèrent douloureusement quand la porte coulissa, et au même instant, le sifflement devint strident. Il pénétra dans la soute, se tourna vers l’origine du son et vit aussitôt le problème.

L’éclaboussure avait abîmé un cercle d’un mètre de diamètre, y faisant des centaines de minuscules perforations. Le métal était si affaibli que la pression de l’air l’aspirait vers l’extérieur. Han ignorait combien de temps il tiendrait avant qu’il ne se déchire et emporte le reste de l’atmosphère dans un bruit de succion aussi assourdissant que définitif.

— D’accord, c’est un problème, dit-il. Jaina, toi et Zekk, allez chercher des rustines et des bandes de renfort. Ben, toi et ton ami twi’lek...

— Nous ne sommes pas amis, coupa Ben avec la pétulance d’un adolescent dans ce genre de situation. C’est le première classe Sorzo.

— Bien. (Han regarda Ben et le Twi’lek.) Faites le tour et voyez s’il y a d’autres fuites.

Le Twi’lek – Sorzo – salua avec un hochement de la tête, puis il partit, Ben sur les talons. Han passa les vingt secondes suivantes à regarder s’il y avait d’autres trous et en trouva plus d’un. Et il devait y en avoir d’autres derrière la station d’ingénierie et l’infirmerie. Ça signifiait qu’il devrait sceller le cockpit et passer des heures en scaphandre, mais que pouvait-il faire d’autre – abandonner le Faucon ?

Un grondement lui parvint et une drôle de sensation – une sorte de teufteuf – commença à accompagner les tremblements et les soubresauts du cargo.

La voix de Leia résonna dans l’intercom, à peine audible par-dessus le hurlement de l’air.

— Han, qu’est-ce que c’était ?

— Comment le saurais-je ? (Il commençait à se sentir dépassé par les problèmes du Faucon et cela n’était encore jamais arrivé.) Demande à 3PO.

— Rien n’indique une nouvelle avarie, rapporta le droïde. Mais nos moteurs subluminiques semblent perdre de la puissance.

Han voulut frapper la paroi du poing, puis se rappela sa condition et retint son geste.

— Quelque chose doit pincer un tuyau d’alimentation.

— Peut-être devriez-vous le décoincer, suggéra C-3PO.

— Je suis occupé à colmater une brèche !

— Ça n’aura aucune importance si nous prenons un autre tir, remarqua Leia. Et si nous ne pouvons pas manœuvrer...

— Nous nous ferons canarder, termina Han. Je sais. D’accord... laisse-moi essayer de localiser le problème.

Il trouva Ben debout devant la station d’ingénierie, les yeux rivés sur l’écran et les doigts sur le clavier. Un instant, il se demanda si son neveu était responsable de leur perte de puissance.

Mais le moniteur ne montrait qu’une image de la bataille en temps réel. La situation était toujours confuse mais semblait s’améliorer. L’amiral Bwua’tu pilonnait déjà les cuirassiers corelliens, et une flottille de Dragons mettait à mal la seconde flotte des usurpateurs.

Un Destroyer Stellaire marqué INCONNU accompagnait les Dragons. Alors qu’il dirigeait la majorité de ses canons sur l’ennemi, une batterie de turbolaser à longue portée visait le Faucon.

— Je croyais t’avoir dit de chercher d’autres brèches ? dit Han, soulagé de n’avoir pas pris Ben à essayer de saboter son vaisseau. Je suis encore le capitaine de ce rafiot, autrement dit tu dois m’obéir.

— Je me sers de mon jugement, et il me dit que nous sommes dans le pétrin, rétorqua le garçon. (Il montra du doigt le mystérieux Destroyer.) Notre seule chance, c’est de le rejoindre.

— Tu es fou ? Il nous tire dessus !

— Seulement parce que vous essayez de vous enfuir. Il cessera si vous vous rendez. C’est l’Anakin Solo.

Han en resta bouche bée.

— L’Anakin quoi ?

— L’Anakin Solo, répéta fièrement Ben. C’est le vaisseau de Jacen.

— Le vaisseau de Jacen ? (Han faillit tomber, et pas seulement parce que le sol pencha de nouveau – il avait l’impression d’avoir pris un coup dans les tripes.) Ils ont baptisé le Destroyer Stellaire de la GAG du nom de mon fils disparu ?

— Eh bien, oui, répondit son neveu, clairement surpris. Anakin était un grand Jedi.

— Je ne peux pas le croire ! (Han eut peur de frapper Ben, tant il était furieux, aussi se détourna-t-il pour flanquer un coup de pied dans le mur.) Maudits salopards !

Ben tressaillit et recula.

— C’est un honneur. Jacen...

— Oublie ce que Jacen a pu dire, coupa Jaina, qui revenait avec Zekk. Il vit dans sa propre galaxie depuis quelque temps.

Ben fronça les sourcils.

— Mais l’amirale Niathal a trouvé que c’était une excellente idée.

— Ce qui fait d’elle un poisson stupide, fit Han, arrachant les fournitures à Zekk. (Il lui montra la station d’ingénierie du menton.) Le tuyau d’alimentation d’un des moteurs est coincé. Vois si tu peux le dégager avant qu’il ne s’arrête et que nous ne devenions une belle grosse cible.

Sans attendre la réponse, il retourna dans la soute. La pression avait assez chuté pour que l’air commence à se refroidir en se dilatant. Ils avaient moins de trois minutes avant que l’atmosphère se raréfie et qu’ils commencent à avoir des problèmes pour respirer. Il laissa tomber les bandes sur le sol, puis il essaya de retirer la pellicule de flimsiplast au dos de l’une d’elles – ce qui n’était pas facile à une main, surtout quand elle tremblait de peur.

— Oncle Han, nous rendre est notre seule chance de survivre, dit Ben, qui l’avait suivi. Il suffit que j’appelle Jacen pour lui dire que je vous amène.

— Pour qu’il puisse torturer ses propres parents comme ses autres prisonniers corelliens ? cracha Jaina. (Elle s’agenouilla près de Han pour l’aider.) Ils auront plus de chance à bord du Faucon.

— Pas nous. Nous ne sommes pas des traîtres à l’Alliance – du moins je n’en suis pas un.

— Je vais oublier que tu as dit ça – sinon nous allons tous deux le regretter. (Jaina prépara la première bande et la tendit à son cousin.) Fais attention à la manière dont tu la colles ou tu créeras d’avantage d’aspiration. Papa va te montrer.

Alors qu’elle tournait la tête pour en prendre une autre, Ben secoua la sienne, ignorant la première.

— Non, pas tant qu’oncle Han n’aura pas promis...

La bande voleta jusqu’à la zone d’impact et s’y colla n’importe comment. Aussitôt, le sifflement de l’air se fit urgent et une crevasse apparut.

Le cœur de Han lui remonta dans la gorge.

— Euh, Jaina...

— Oh merde ! (Elle bondit sur ses pieds.) Ben, qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?

— Rien – je fais juste mon devoir. (Il décrocha son sabre laser.) Si nous aidons à faire les réparations, ils vont s’échapper.

— Et si nous ne faisons rien, nous allons avaler du vide dans trente secondes ! (Elle approcha de la paroi, tenant une bande à deux mains, puis s’arrêta net quand son cousin activa son arme.) Dis-moi que tu ne viens pas de tirer ton sabre laser contre moi...

— Je suis navré, Jaina. Mais tu n’as vraiment aucune discipline – comme l’a dit Jacen, tu fais ce qui t’arrange au lieu de suivre les ordres.

Jaina le foudroya du regard, puis tendit le renfort à son père.

— Tiens ça.

Ben recula d’un pas, ramenant sa lame au-dessus de son épaule.

— Jaina, ne m’oblige pas à... aaaaaaaaahhh !

La menace de Ben se termina dans un cri surpris quand Zekk lui attrapa les poignets par-derrière, le forçant à pointer sa lame vers le sol.

Puis l’onde de choc d’un rayon de turbolaser percuta le Faucon. Le pont se souleva si violemment que Han sentit ses genoux se dérober et il tomba de nouveau sur son épaule blessée. Des cris étonnés jaillirent de toutes les bouches, et la douleur explosa dans son corps.

— Où en sont les réparations ? demanda Leia du cockpit – sa voix semblait ténue dans l’atmosphère de plus en plus rare. Si je ne peux pas accélérer, le vol sera de plus en plus chaotique !

— Continue de nous éloigner de la mêlée, répondit Han, avant de réaliser que quelqu’un grognait de douleur tout près de lui. Nous serons bientôt hors de portée – je crois.

Il roula sur les genoux et vit que Zekk était recroquevillé sur le sol, une main pressée contre un trou noirci dans son scaphandre. Ben s’était agenouillé près de lui avec une expression horrifiée. Il tenait toujours son sabre laser allumé et secouait la tête de désespoir.

— Tu n’aurais pas dû m’attraper, dit-il à Zekk. Pourquoi as-tu fait ça ?

— Parce que tu te comportais comme un aspirant Jedi, rétorqua Jaina en arrivant derrière lui. Donne-moi ça !

Elle lui arracha son sabre laser. Ben leva les yeux vers elle.

— Ce n’était pas ma faute.

— Alors à qui, idiot ? (Elle désactiva la lame.) J’espère que tu ne nous as pas tous condamnés. Maintenant grandis un peu et va aider ton oncle ou je...

— Non, Jaina. (Han glissa des bandes dans son attelle et se tourna vers la paroi.) Tu dois emmener Zekk et Ben.

— Où ?

— Prenez la capsule de détresse. (Il plaça une bande sans en retirer l’arrière, et la succion la maintint en place.) Zekk a besoin de soin et nous pouvons nous passer d’avoir ce sale gosse dans les pattes.

— Mais...

— Il n’y a que quatre places. Et même s’il y en avait plus, Leia et moi refusons de nous rendre. (Han jeta un regard qui aurait fait fondre du frasium à son neveu.) Ni à Jacen ni à personne d’autre.

Il recommença l’opération avec une autre bande. Ce serait temporaire, mais cela tiendrait peut-être assez longtemps pour les sauver. Quand il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, Jaina était à genoux près de Zekk et prenait son pouls, les doigts d’une main pressés contre sa gorge. Mais son regard était rivé sur Han, et ses joues baignées de larmes.

Elle hocha la tête, puis appuya sur une commande dans le col de son scaphandre.

— Venez, Sorzo. Nous abandonnons encore le navire.

— Bien. (Han n’avait jamais été si fier de sa fille, car il voyait bien qu’elle voulait rester avec lui et Leia, mais elle avait passé assez de temps dans l’espace pour savoir qu’on ne discutait pas les ordres du capitaine.) Ne t’inquiète pas pour ta mère et moi. Jusqu’à ce que nous ayons pu réparer le Faucon, il vaut mieux ne pas être trop nombreux à en respirer l’air. Nous avons survécu à des situations bien pires.

Jaina réussit à sourire, mais sa peur resta palpable.

— Je sais, papa – j’ai vu les holovids.

Elle fit signe à Ben d’y aller, puis elle rejoignit son père et lui donna un rapide baiser sur la joue.

— Faites-moi savoir comment ça s’est passé... et que la Force soit avec vous.

— Oui. (Ne voulant pas qu’elle voie ses larmes – ni qu’elle réalise combien il avait peur que ce soit des adieux – Han ne la regarda pas partir.) Et avec toi, ma chérie.

Il continua de travailler, et quand il eut fini, Jaina avait installé tout le monde à bord de la capsule et sonnait l’alarme de départ. Les frappes de turbolaser continuaient. Le Faucon se cabrait et bondissait comme un ronto sauvage, et la pression avait chuté au point que Han frissonnait et peinait à respirer.

Il ne sentit pas la capsule partir. L’alarme se tut, et quelque chose se déchira simplement à l’intérieur de lui.

— Han ? (Même dans l’intercom, la voix de Leia craquait.) Tu es toujours là ?

— Bien sûr. (Il quitta la soute et scella l’écoutille derrière lui.) Tu ne vas pas te débarrasser de moi si facilement !

— Rien n’est facile avec toi, vaurien. (Leia plaisantait, mais son ton était forcé et effrayé.) Je veux juste te dire que nous sommes prêts à sauter.

Une autre onde de choc l’envoya percuter le mur et arracha un gémissement métallique au vieux cargo. Il aspira une grosse goulée d’air, se disant que c’était sans doute la dernière, puis il fut stupéfait d’être toujours en un seul morceau.

— Qu’est-ce que tu attends ? (Il entra un code et sentit la pression le frapper quand l’iris s’ouvrit.) Le plus tôt sera le mieux.

— Que faisons-nous de la pauvre Dame Morwan ? demanda C-3PO. Elle est toujours enfermée dans la cale avant !

— Et bien plus en sécurité que nous ! rappela Han.

Il ferma derrière lui et se dépêcha de traverser la cabine principale pour atteindre le corridor menant au cockpit. L’alarme de saut résonna – plus aiguë que d’ordinaire dans l’atmosphère raréfiée –, puis les lumières baissèrent et un ronronnement alarmant se fit entendre, venant du compartiment des moteurs, à l’arrière. Le Faucon commença à ralentir, et la voix de Leia lui parvint, jurant comme un contrebandier d’épice aqualish dont ce n’était pas le jour.

Han se pencha vers le mur.

— Allez, mon vieux, murmura-t-il. Tu n’es quand même pas prêt pour la casse, hein ?

Le ronronnement se transforma en une sorte de plainte haut perchée et les lumières revinrent. Han faillit encore tomber quand le Faucon fit un bond et accéléra subitement.

Il tapota la paroi de la main en souriant.

— Moi non plus.

Il gagna le poste de pilotage, où le bruit des moteurs était devenu si aigu qu’il était désormais inaudible. Les tremblements du Faucon n’étaient plus qu’une vibration qui l’obligeait à serrer les dents, et C-3PO calculait les coordonnées de leur saut. Leia pilotait sans plus rien devant eux que l’espace et la liberté.

Han rejoignit sa femme et vit à son regard qu’il était inutile de lui parler des événements. Elle avait dû sentir la mort de Cakhmaim et de Meewalh dans la Force, et Jaina l’avait contactée pour avoir le feu vert pour lancer la capsule. Quant à Ben, Jacen et à l’Anakin Solo, il lui en parlerait plus tard... ou pas du tout. Ce serait tout aussi bien si elle restait dans l’ignorance.

Han se pencha.

— Tout ira bien. (Il l’embrassa sur la joue, puis s’assit dans le fauteuil du copilote.) Tu m’as moi.

Leia laissa entendre un petit rire étranglé, puis elle sourit et le regarda.

— Je suppose. (Elle tendit le bras et lui serra la cuisse.) Et tu feras très bien l’affaire.

L’hyperdrive s’enclencha enfin, et les étoiles s’étirèrent une fois de plus.